J'écris, je danse, je scrute le monde qui m'entoure, un monde en audio-visuel. Un monde aussi en mouvement, en matières animées, un monde où s'impliquer, s'engager, créer ensemble : l'art au sein du social !

B O N V O Y A G E . . .



jeudi 19 avril 2018

Tâm Antoine NGUYEN-MINH

danseur - chercheur en Mouvement


D'origine métisse – française et vietnamienne -, Tâm Antoine NGUYEN-MINH est installé depuis peu à Bordeaux mais le voyage reste pour lui une nécessité profonde. Cette double culture a cousu son chemin de vie et sa recherche en danse d'une trame profondément hybride...

L'instabilité de cet entre-deux l'a en particulier poussé vers la danse d'improvisation, comme s'il y avait là un espace éphémère de passage où le corps vivant trouve ses empreintes et racines.

C'est d'ailleurs en voyage qu'il se laisse aller pour la première fois au goût de la danse, dans l'atmosphère des carnavals sud-américains ( Nord Ouest Argentin, Brésil ) , où il partage des moments forts de vie collective, y glanant des moments de communion festive.

Porté par ces expériences d'ancrage, de terre, de vibration collective, il intègre à son retour un groupe de danse contemporaine au sein de l'université d’ethnologie ( UFR d'ethnologie paris VII), et commence à plonger dans l'apprentissage de cette discipline, égrenant les rencontres et expériences : Mireille FEYZEAU lui fait rencontrer Elsa WOLLIASTON , puis il rencontre Fabrice DUGIED, Julie WEST, et Claire FILMON, Nancy STARK SMITH, Vera ORLOCK etc...

En 2006, il se confronte à la question de l'écriture chorégraphique, dans la formation « le chemin du danseur » avec M. Feyzeau (33, compagnie Alice et les autres), puis se forme en éducation somatique ( BMC©), et enfin la "Formation à l'Animation de situations de mise en jeu du corps" ( Association Transit, 2011)

Se définissant comme danseur et chercheur à l'écoute des battements du monde dans lequel il vit, TANM est en quête d'une poésie du vivant – imprédictible et indisciplinée, rebelle à toute fixation – qu'on peut capter, incorporer et transmettre (partager) dans l'art ou dans la vie, dès lors qu'on cultive disponibilité et écoute à soi et à l'environnement.

Pour cela, le travail du danseur-chercheur se nourrit d'outils que sont le langage de la danse contemporaine, l'éducation somatique et autres techniques du corps et de la re-présentation pour permettre à l’éphémère d'être vu, partagé, goûté.

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ECRITS  :

"Entre deux et manifestation" , paroles corporelles


Cette fois l'ongle me dit "rentre les bêtes qu'elles évitent la pluie folle"
Un chemin bleu sous le ciel tremble mes pieds, diable,
je m'écris sous ciel,
Un vent violent a dépossédé les visages,
ils crient désormais s'emportent en fantômes flottants.

Quelques brindilles droites dans bottes dans le champs électrique
attendent et persistent celui qui saura lire
L'histoire en cours où beaucoup descend.
Des jupes jupons colorés tournent au dessus des sols,
Typhons doux dynamisent l'air
et lui redonnent une aspiration.

Nous sentons en cercle les flux du changement qui caressent
Les surfaces émanations proches de nos sources intimes.
Ce qui atterrit, ces objets et feuilles et compagnies de danses,
Ce qui en résonne, en évapore, et
Entre les deux, se balade, se déflore, s'évapore,
Profil d'un être non-né ou mort-vie, interstice de ce qui
toujours advient - le terre-ciel a son espace.

Différents rythmes de l'ordre dès lors qu'on l'écoute...

Ma main s'abaisse vers la plante qui s'élève en moi-même.
Parfois c'est au pied, parfois c'est ce qui apparaît
et se déplace, sensation aux autres sens mêlés.
L'entre deux soutient la manifestation, l'enveloppe et lui donne naissance.
L'attente du ciel, et la poussée du corps vert.

Sortie de studio, le 18.04.18

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vendredi 15 février 2013

Dessins d'Argentine 2003



Rio Gallegos - el indio esperando

recuerdo de Humahuaca

 La Plata




 Gauchos borrachos - Humahuaca





J'ai mes petits rituels : par exemple, juste avant d'aller donner l'atelier, je tire une image de ma boîte magique, mon imaginaire. Cette semaine, je savais pas trop. Je me sentais un peu encombré. Le désordre dans la maison, toutes ces affaires à ne pas oublier pour donner l'atelier : au début c'était juste mes vêtement de danse, et puis il y a eu le cahier et le stylo, la musique, des ampoules pour les lampes d'ambiance, la sono et ses disques, le radiateur, une double prise, des ballons...ayaya! Et c'est un peu la même pour la préparation du cours. Un exercice en amène un autre, et puis un autre, et puis un autre, et ils tracent ces exercices des relations entre eux, ça devient éminemment complexe, cet exercice on pourrait le faire comme ci, ou comme ça, ou comme une telle me l'a enseigné ou un peu différemment...et à force de vouloir préciser chaque exercice, tout commence à devenir flou ! Je me souvient d'un ami qui avait l'habitude de dire : tout devient complexe, jusqu'à redevenir simple. Et comment faire que de vivre avec les états qui nous habitent, même s'ils sont gênants, encombrés ou flous, comme dans l'improvisation ? Un souhait : accueillir un peu plus tendrement mes états surtout lorsqu'ils me dérangent ou m'encombrent. Pour pouvoir accueillir ensuite ceux des autres...


jeudi 3 mai 2012

habiter la danse des objets et des images

Prestidigitation n°2 / petite physique amusante

Nous avons remarqué qu' au delà d'une certaine proximité physique avec les objets, nous n'entrions plus en relation qu'avec la vue avec ces objets. Nous avons alors essayé de "retarder" les interprétations qui nous venaient, par exemple de ce à quoi nous faisaient penser ces objets. Quand nous nous sommes rapprochés assez près de ces objets pour qu'une proximité intime s'établisse avec eux, nous avons pu les percevoir d'une autre façon, par le corps, un peu comme lorsqu'on est près d'un mur dans le noir et qu'on sent la proximité de ce mur, ou quand on peut différencier par nos sens si on se trouve dans une grande pièce ou une petite pièce sans avoir forcément à en vérifier avec les yeux. Il semble que nos yeux perçoivent en deux dimensions, et font appel à une mémoire, une mémoire plus tactile, et kinesthésique, pour reconstituer le sens de la globalité. Alors si on va directement au sens du toucher et du mouvement pour percevoir les images, on va peut-être à la source des images. pour cela, nous avons dû passer du temps avec juste un objet. Commencer à le sentir avec notre corps, la proximité, l'orientation, la sensualité lorsqu'on s'en rapproche tout, tout près...le sentir avec les mains, le bras, le cou... des images sont venues : quand je me hisse couché sous un porte manteau, je me souviens enfant m'être souvent caché sous des lits, ou bien se caler contre le montant vertical de ce même porte manteau et je suis en train de regarder la mer en m'appuyant contre un réverbère... Je ne cherche pas ces images, je ne vais pas dans l'exploration avec l'intention d'élaborer des images, je suis juste en train de percevoir, et dans cette action de percevoir en relation à un objet, il y a des images qui s'invitent. Mieux, je suis l'image. Puis nous nous sommes éloignés des objets en maintenant une relation à ces objets, en sentant l'objet à distance, c'est à dire en percevant sa place dans l'espace, sa forme que nous avions appris à connaître, en maintenant la relation à la présence de l'objet dans l'espace. Puis nous nous sommes assis à l'autre bout de la salle et nous avons regardé les objets à nouveau. Ils étaient habités de mille histoires.

Tâm Nguyen-minh, résidence avec H. Fraysse à Nérigean pour "Prestidigitation", le 3 mai 2012

mardi 17 avril 2012

REPORTAGE APRES LA RESIDENCE DE WE ( début avril )

Danser & chômage

Ce matin en me réveillant j'éprouve cette lassitude déconcertante des matins difficiles. D'abord je me dit : j'ai pas le droit, je dois « m'en sortir », aller de l'avant, et puis... Et puis je me laisse envahir par elle. Je pense au vieil homme qui sent sa force faiblir et au chômeur sans emploi qui se retrouve soudainement dans le vide... avec l'étonnement de se retrouver décalé ; l'instant d'avant, vous étiez jeune, l'instant d'avant vous aviez un emploi. Il y a là soudain un abandon qui vous déchire le cœur. Je me suis laissé aller à cette « crise ».
Je me suis senti très vieux, gris et décrépi, vers le bas. Avec la mort des cellules qui se consument vers mes pieds et traversent ma peau pour rejoindre l'humus du sol.

Mai sdu coup dans la brèche y a un état qui est venu s'installer

Quand je suis sorti en vélo, j'ai vu un paysage fort et profond, lavé, immense, patagonique, et moi j'ai senti la pression atmoshérique dans ma tête, très haute.
Quand je suis arrivé à Floirac, il y avait soudainement du brouillard, comme quand on arrive en montagne au détour d'un chemin. D'un coup la pression dans ma tête est montée d'un cran, j'ai eu mal.
Je suis arrivé au Jardin d'Alice et dans « la danse qui surgit », j'ai pu « rétablir l'équilibre » des pressions atmosphériques à l'intérieur de ma tête et au dehors.
Pour cela, j'ai dû rester poreux. Ne pas arriver à des conclusions ou des images solides. Et en dansant vers ce non achèvement, j'ai permis à « l'état » d'arriver et de se concrétiser à travers moi, se concrétiser plutôt que de se solidifier.
Alors quand je suis devenu spectateur pendant les cerises, j'ai pu recevoir les personnages qui s'installaient dans les cerises des autres avec une certaine porosité, et percevoir la puissance simple et vibrante qui se dégageait d'eux, a m'a fait penser qu'il y a des petites gens et des personnes décalées comme la ptite vieille du quartier que personne ne voit plus, qui possèdent une puissance incroyable !!!

vendredi 9 mars 2012

Rivadavia, Ezeiza...


Trajet du retour, seul, dans les rêveries de celui qui n'a plus de prise sur le pays qui s'en va à travers les vitres du bus,

ou... serait-ce moi qui m'en vais ?

Les numéros de l'avenida Rivadavia défilent : 5000, 6000... 11000, passent et disparaissent en emportant avec eux les morceaux de souvenirs morts nés ;
de ce qu'il me reste à parcourir pour de prochaines destinations sur ma terre américaine, des initiations s'imprimant dans mon corps ouvert, à vif.

Juste quelques repères - une destination vague - La France - et des traces encore lourdes d'une terre qui m'a marquée de ses accents chauds.
Des accents d'ailleurs, d'ailleurs, sans le texte, ou ce qu'il reste.
En creux l'appel récurrent d'une vieille chanson , mélodie passée de chants de la terre ( si ancrés en leur temps !).

Je ne l'avais pas vu : le grand père argentin est là. Rencontre autour d'une pièce d'un peso. Lui, sa famille, compagneros soudains de banquette. M'accompagnent jusqu'à mon "boarding", famille d'adoption d'un instant. Moi : surpris, puis réchauffé au coeur par la proximité retrouvé du contour concret de ces êtres qui habitent, des corps, une famille, des voix.

Cette mémoire me revient et je tiens dans mes bras ma chiquilla Anahi et je m'étonne  des promesses qu'elle m'éveille et du flux du temps.
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